Que coûtent nos anciens présidents


Ce que nous coûtent nos anciens présidents


Une fois battus ou retirés de la vie politique, les anciens présidents de la République continuent d’être pris en charge par l’Etat, qui leur assure un train de vie plus que confortable. Une exception très française.


Au 77 rue de Miromesnil, dans les beaux quartiers de la capitale, Nicolas Sarkozy dispose d’un appartement de 320 mètres carrés, composé de 11 pièces. Prix estimé de cette location de luxe ? 15.000 euros par mois, Nicolas Sarkozy n’a pas regardé à la dépense, et pour cause, c’est la République qui règle la facture. Conformément à une « décision » signée en 1985 par Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand, l’Etat met à la disposition des anciens présidents un appartement de fonction « meublé » et « équipé ».

Ce texte, qui fait office de référence, est flou : il ne mentionne ni plafond ni limitation de durée. C’est ainsi que Valéry Giscard d’Estaing occupe aux frais du contribuable, depuis plus de trente ans, de splendides locaux boulevard Saint-Germain à Paris. Jacques Chirac bénéficie lui aussi d’un somptueux appartement rue de Lille.

Toujours selon la lettre de Laurent Fabius, les anciens présidents disposent de nombreux autres « privilèges ». Ainsi, une équipe d’au moins sept personnes est prise en charge par la nation. « En réalité, l’Etat n’est pas très regardant, et peut prendre en charge plus de personnel que prévu », assure le député apparenté PS René Dosière. 
Pour ce spécialiste du train de vie de l’Etat, « il est probable que Nicolas Sarkozy bénéficie de quelques largesses ». 

Depuis son départ de l’Elysée, ce dernier dispose d’un directeur de cabinet, d’une conseillère diplomatique, d’une chargée de la communication, de deux secrétaires, d’un intendant, d’une équipe de sécurité comprenant au moins deux fonctionnaires de la Police Nationale, mais aussi une voiture de fonction avec plusieurs chauffeurs. S’y ajoute la surveillance de son domicile personnel, l’hôtel particulier de son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, assurée par des officiers de gendarmerie. Là encore, aucune durée n’est prévue.

Pour leurs déplacements, tous leurs voyages sont pris en charge. Trains de la SNCF, avions Air France, navires français, tout est gratuit, et dans la meilleure classe possible. Durant leurs séjours à l’étranger, l’ambassadeur de France en poste se doit d’accueillir les anciens locataires de l’Elysée et de les loger dans sa résidence, comme il le ferait à l’égard d’un président en exercice.

En sus de ces avantages matériels, la République leur assure une retraite conséquente. Soit près de 6.000 euros brut par mois. 
Cette indemnité n’est soumise à aucune condition d’âge, ni même au nombre de mandats. A cela s’ajoute ce qu’on appelle pudiquement des « primes de sujétions spéciales », dont le montant est tenu secret. Ces primes ont officiellement pour objectif de « compenser les contraintes subies dans l’exercice de leurs fonctions ». 

Ces émoluments sont cumulables avec d’autres pensions ou salaires. Ainsi, Nicolas Sarkozy pourra également, à l’âge de la retraite, toucher les pensions liées aux différents mandats qu’il a exercés, comme ses prédécesseurs. Soit environ 10.000 euros mensuels. Mais la plus importante source de revenus des anciens présidents prévue par la République, définie par un texte de 1958, reste leur présence – à vie – au Conseil constitutionnel. Cette prérogative leur rapporte 12.000 euros par mois.

François Hollande a promis, en janvier 2013, de modifier les textes. Les anciens présidents ne seront plus membres de droit du Conseil Constitutionnel. Mais la mesure ne s’appliquera pas à ses prédécesseurs. Pour René Dosière, ce changement devrait être l’occasion de préciser le rôle de nos anciens chefs d’Etat. « Aujourd’hui, ils peuvent cumuler pensions de la République et prestations privées, ce n’est pas sain. »

L’auteur de « L’Argent de l’Etat » souligne surtout que la note est salée pour les contribuables : selon ses calculs, chaque ex-président coûte entre 1,5 et 2 millions d’euros par an. « Pour les trois anciens chefs de l’Etat, cela fait un total de près de 5 millions d’euros…

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