Bisphénol A : les substituts seraient toxiques



Les industriels doivent trouver des substances de remplacement avant le 1er juillet 2015.

Quatre substances sont envisagées pour remplacer les résines époxydiques des boîtes de conserve, contenant du bisphénol 

L'Agence européenne de sécurité des aliments a mis en consultation publique vendredi 17 janvier son projet d'avis sur l'évaluation des risques liés au bisphénol A (BPA) pour la population humaine et a sollicité les agences nationales. L'Agence nationale de sécurité des aliments et de l'alimentation (Anses) se prononcera le 13 mars.


LÉGISLATION. 

En Europe, le bisphénol A, composé chimique reconnu comme un perturbateur endocrinien, est interdit depuis 2011 dans les biberons. Depuis le 1er janvier 2013, l'interdiction a été étendue à l'ensemble des conditionnements alimentaires. Mais les industriels seront-ils prêts pour supprimer le BPA des emballages alimentaires le 1er juillet 2015, comme l'exige la loi ?
73 substituts aussi dangereux

Soixante-treize substituts ont été rencensés par l'Anses, dont certains, comme le bisphénol S, apparaissent désormais tout aussi dangereux. Mais le plus difficile sera de trouver un remplaçant à l'époxy qui recouvre l'intérieur des boîtes de conserve et dont le BPA est un composant de base.

"Aucun revêtement n'est aussi souple et résistant que l'époxy", indique Michel Loubry, directeur général de PlasticsEurope, l'association européenne des producteurs de plastiques.
Principale difficulté : s'assurer que les nouvelles résines s'adaptent à des procédés industriels, où les boîtes sont embouties à une vitesse de 10.000 coups par heure. Les industriels mènent aussi des tests de vieillissement de ces résines.

Les 3 substituts envisagés :

LE BISPHÉNOL S. 

La plupart des biberons garantis "sans bisphénol A" sont composés de polyéthersulfone (PES), un plastique qui contient du bisphénol S (BPS). Ce dernier n'est pas forcément moins toxique, car il s'agit aussi d'un perturbateur endocrinien, comme l'a encore démontré une équipe de l'université du Texas (Environ Health Perspective 2013).

LES RÉSINES. 

Quatre substances sont envisagées pour remplacer les résines époxydiques des boîtes de conserve, contenant du bisphénol A. Il s'agit de résines à base d'acrylique, de polyester de méthacrylate, ou de vinyle, des substances déjà autorisées pour l'alimentation, donc non toxiques. Mais aucune ne convenant pour tous les types d'aliments, il faut donc choisir la bonne pour chaque recette, notamment selon l'acidité du plat.

LES POLYESTERS THERMOPLASTIQUES.

Cette vaste famille de polymères comprend notamment le polyéthylène téréphtalate (PET) des bouteilles d'eau minérale, ou l'acide polylactique, un plastique biodégradable utilisé en emballage alimentaire. Ces polyesters pourraient remplacer les bonbonnes d'eau en polycarbonate largement présentes dans les entreprises et qui constituent "une source significative d'exposition au bisphénol A", selon l'Anses. Cependant, ils sont moins résistants que le polycarbonate.


D'après un article de Cécile Michaut, initialement publié dans le numéro 796 de Sciences et Avenir, en juin 2013.

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