Les casseroles de Jean-François Copé



Le nouveau président de l’UMP traîne derrière lui un passé politique qui pourrait s’avérer gênant.

En se mariant, en 1991, Jean-François Copé aurait lancé à ses invités : « Vous avez de la chance, vous venez d’assister au mariage du futur président. » L’anecdote est rapportée par Libération. Président, il l’est aujourd’hui. Pas de la République mais de l’UMP. Mardi 20 novembre, il a été déclaré vainqueur du duel l’opposant à François Fillon pour la présidence de l’UMP. Il va devoir s’atteler à rassembler son parti miné par cette compétition fratricide, avec la prochaine présidentielle en ligne de mire. Un défi de taille. D’autant que le président de l’UMP va devoir composer avec quelques dossiers.

1 L’organisateur d’une élection entachée de fraudes

Les soutiens de François Fillon n’ont eu de cesse de le rappeler : Jean-François Copé était à la fois l’un des deux candidats à la présidence de l’UMP et l’organisateur de cette élection qui a viré au psychodrame. Un scrutin qu’il n’a remporté que de 98 voix. Et lui même l’a reconnu : il y a eu des  »bourrages d’urne » et des  »fraudes importantes », en particulier à Nice, fief des fillonistes Christian Estrosi et Eric Ciotti.

Ainsi dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, 1 178 bulletins auraient été comptabilisés pour 590 émargements, selon Valérie Rosso-Debord, proché de Copé. A l’instar de Bernard Debré, le camp Fillon a également dénoncé des « anomalies », « très flagrantes dans un certain nombre de départements ». Des renouvellements de cartes d’adhérent auraient été réglées en liquide, « ce qui est rigoureusement interdit ». 

2 L’ami de l’embarrassant Ziad Takieddine

Jean-François Copé se baignant dans la piscine de Ziad Takieddine au cap d’Antibes en août 2003 : la photo est désormais célèbre. Elle fait partie des documents, publiés en juillet 2011 par Mediapart (article payant), illustrant les liens étroits existant entre le patron de l’UMP et l’un des protagonistes majeurs de l’affaire Karachi, mis en examen dans le volet financier. 

Il y a aussi cet épisode relaté par Le Monde, à la même époque. En avril 2004, Ziad Takieddine est victime d’un grave accident sur l’île Moustique (Saint-Vincent-et-des-Grenadines, dans les Caraïbes). Jean-François Copé, alors ministre délégué à l’Intérieur et porte-parole du gouvernement, se démène pour sauver la vie du riche homme d’affaires. Le quotidien du soir cite « avions privés », « ambulance » et « motards ».

En septembre 2011, Mediapart (article payant) affirme que Ziad Takieddine s’est servi de l’ancien ministre pour régler ses litiges avec le fisc. Le JDD, lui, assure que l’homme d’affaires aurait versé de l’argent en espèces à l’ancien ministre pour des travaux dans son appartement du 16e arrondissement parisien. 

Selon le quotidien du dimanche, les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire enquêtent désormais sur la relation Copé-Takieddine.

Jean-François Copé a admis en septembre 2011 s’être fait payer des vacances par l’homme d’affaires au début des années 2000, tout en contestant toute implication dans les malversations qui lui sont prêtées. En novembre 2011, il a assuré qu’il avait « toujours assumé [ses] amitiés » et précisé n’avoir « jamais eu de relations à caractère professionnel » avec Ziad Takieddine.

3 Beaucoup de casquettes pour un seul homme

Désormais, Jean-François Copé est à la fois président de l’UMP, maire de Meaux, et député de Seine-et-Marne. Mais ce cumulard très occupé est aussi avocat. Depuis 2007, il est en effet le collaborateur du prestigieux cabinet international d’avocats d’affaires Gide Loyrette et Nouel. 

Capital qui a révélé l’information précisait alors qu’il « y travaillera à temps partiel, le vendredi et le samedi » et qu’il « devrait mettre son important carnet d’adresses au service de certains dossiers clés ». Le cabinet était notamment le conseil de l’Etat dans le projet de fusion entre GDF et Suez. 
Dans son livre paru en 2010, Pour en finir avec les conflits d’intérêts, Martin Hirsch estime que ce cumul entre activités publique et privée expose Jean-François Copé à d’éventuels conflits d’intérêts. Libération s’était fait l’écho des critiques de l’ancien Haut Commissaire aux solidarités actives de Nicolas Sarkozy. 

Le mélange des genres fait polémique et Jean-François Copé renonce à cette activité rémunératrice, officiellement pour des raisons d’emploi du temps trop chargé. Mais comme le signale Le Monde en novembre 2010, il se réserve le droit de continuer à conseiller ses clients.


Source : actuwiki.fr

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