Turquie: Le scandale de corruption qui a ébranlé Erdogan resurgit


Et le volcan que l'on croyait éteint s'est réveillé... L'arrestation en Floride d'un homme d'affaires turco-iranien a relancé en Turquie le vieux scandale de corruption qui a éclaboussé le président Recep Tayyip Erdogan, à la veille de sa tournée américaine.

Parti en famille aux Etats-Unis pour des vacances, Reza Zarrab a été interpellé à son arrivée à Miami, inculpé avec deux autres citoyens iraniens et aussitôt incarcéré. La justice américaine lui reproche des transactions avec l'Iran en violation de l'embargo, pour lesquelles il risque jusqu'à 75 ans de prison. 

La nouvelle n'a fait qu'un entrefilet Outre-Atlantique mais n'a pas échappé à la presse turque d'opposition, qui en a aussitôt fait sa "une". Car cet homme d'affaires de seulement 33 ans, marié à une célèbre chanteuse turque, est au cœur de l'affaire qui a fait trembler sur ses bases le régime de M. Erdogan, alors Premier ministre, il y a deux ans.

Au cœur du scandale, un trafic d'or avec l'Iran

En décembre 2013, M. Zarrab a été arrêté avec des dizaines d'autres proches du pouvoir pour s'être livré à un trafic illicite d'or avec l'Iran, facilité par des ministres du gouvernement islamo-conservateur d'Ankara. Quatre d'entre eux avaient alors démissionné ou été remerciés. Des écoutes téléphoniques mises sur la place publique avaient ensuite directement mis en cause M. Erdogan et son fils Bilal.

Le chef du gouvernement avait alors hurlé au "complot" et accusé son ex-allié l'imam Fethullah Gülen, très influent dans la police et la justice, d'avoir monté l'affaire de toutes pièces pour causer sa perte. Au prix d'une vaste chasse aux sorcières dans les rangs de ce qu'il a appelé "l'Etat parallèle", l'homme fort du pays a réussi à reprendre la main, à éteindre toutes les poursuites et même à remporter la présidentielle quelques mois plus tard.

En Iran, l'associé iranien de M. Zarrab, le milliardaire Babak Zanjani, a été condamné à mort le 6 mars dernier pour corruption. Mais l'affaire semblait définitivement enterrée en Turquie, au grand dam de l'opposition.

"Certains ne vont pas pouvoir dormir cette nuit"

C'est peu de dire que le rebondissement de lundi a été accueilli avec gourmandise par les détracteurs de M. Erdogan.

"Zarrab a été arrêté. Et je suis persuadé que certains ne vont pas pouvoir dormir cette nuit", s'est réjoui le chef de l'opposition sociale-démocrate, Kemal Kiliçdaroglu. "Il va parler là-bas, vous verrez. Tous les liens cachés vont éclater au grand jour".


La nouvelle est d'autant plus embarrassante pour M. Erdogan qu'il doit se rendre la semaine prochaine en visite aux Etats-Unis et que Washington refuse obstinément d'extrader son ennemi Fethullah Gülen, qui vit en Pennsylvanie.

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