Nicolas Sarkozy: comment vont les affaires?



Au-delà du cas Claude Guéant, Nicolas Sarkozy est lui-même visé par plusieurs enquêtes au côté d’autres de ses collaborateurs. Tour d’horizon.

Les avocats de Nicolas Sarkozy, mis en examen le 21 mars pour abus de faiblesse au détriment de Mme Bettencourt, ont fait des demandes de nullité.

Affaire Tapie: les réunions suspectes
La pause estivale pourrait durer un peu plus longtemps que prévu. Si le glaive de la mise en examen reste suspendu au-dessus de Claude Guéant, les juges de l’affaire Tapie ont choisi de prendre leur temps. Et de se tourner vers le passé d’une rocambolesque saga politico-financière vieille de plus de vingt ans, une séquence où l’ancien secrétaire général de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy n’a joué aucun rôle.  


C’était en 1992, et Bernard Tapie, ministre de François Mitterrand, vendait le fleuron de son groupe, Adidas. L’homme d’affaires a-t-il été victime d’un coup tordu de sa banque, le Crédit lyonnais, lors de cette opération, comme il l’affirme encore dans son dernier livre? Une version bien évidemment toujours contestée par la banque. 

Ni Claude Guéant ni l’ancien président de la République ne sont pourtant sortis… d’affaire. L’enquête a établi que de nombreux rendez-vous avaient eu lieu à l’Elysée en présence de Bernard Tapie en 2007 et 2008. La question du recours à un arbitrage pour régler son contentieux avec le Lyonnais y avait été évoquée. Ces réunions étaient présidées par Claude Guéant, notamment en juillet 2007, un moment clef où le choix de l’arbitrage est presque entériné.  

L’existence de ces rencontres alimente le soupçon d’un arrangement décidé au sommet de l’Etat en faveur de Tapie. Plusieurs protagonistes de ces discussions ont déjà été l’objet d’une mise en examen pour escroquerie en bande organisée, parmi lesquels l’ex-directeur du cabinet de Christine Lagarde à Bercy, Stéphane Richard. Nicolas Sarkozy lui-même n’est pas épargné par les soupçons. Comme l’a révélé L’Express, il a reçu Tapie à au moins 12 reprises entre 2007 et 2010. Dans l’immédiat, il est toutefois protégé par son statut de chef de l’Etat au moment des faits, ce qui n’est pas le cas de Claude Guéant. 

Sondages de l’Elysée: le cas Buisson
Une autre menace judiciaire pèse sur l’entourage direct de Nicolas Sarkozy: l’affaire des sondages de l’Elysée. A la suite d’un rapport de la Cour des comptes, l’association Anticor, spécialisée dans la lutte contre la corruption, a porté plainte pour violation du code des marchés publics et détournement de fonds publics. Cette plainte vise une batterie de sondages commandés par la présidence sous l’ère Sarkozy. Ces études portaient sur des sujets aussi variés que la façon dont étaient perçus son mariage avec Carla Bruni, l’affaire Bettencourt ou, plus inattendu, les qualités requises pour être un bon secrétaire du Parti socialiste… Montant de la facture : près de 9,4 millions d’euros en cinq ans. 

Autre élément troublant: ces études ont été menées par plusieurs instituts dont l’un, Publifact, était dirigé par Patrick Buisson, proche conseiller politique du chef de l’Etat. Après diverses péripéties judiciaires, une instruction a été confiée, en début d’année, au juge parisien Serge Tournaire. Le 4 avril, la brigade financière a perquisitionné les bureaux et le domicile de Patrick Buisson. L’avocat d’Anticor, Me Jérôme Karsenti, estime qu’une condamnation de ce dernier « entacherait l’image de l’ancien président en démontrant comment des fonds publics ont été détournés à des fins personnelles ». 

L’entourage de Nicolas Sarkozy, lui, se veut confiant. Comme dans le dossier Tapie, l’ex-chef de l’Etat est protégé par l’immunité présidentielle. Si les faits étaient jugés répréhensibles, il ne pourrait en répondre que devant la Haute Cour de justice. 

Bettencourt: l’échéance du 24 septembre
Pour démêler l’écheveau judiciaire qu’est devenue l’affaire Bettencourt, le rendez-vous est fixé au 24 septembre. La cour d’appel de Bordeaux rendra alors son arrêt sur les demandes de nullité déposées par plusieurs des personnes mises en cause dans l’instruction des trois juges bordelais sur les éventuels abus de faiblesse dont aurait été victime la milliardaire Liliane Bettencourt.  

Nicolas Sarkozy, mis en examen le 21 mars pour abus de faiblesse au détriment de la vieille dame, est l’un des auteurs du recours avec six autres des mis en examen, dont l’ancien ministre du Budget du gouvernement de François Fillon, Eric Woerth. L’une des demandes de nullité vise l’expertise médicale effectuée en juin 2011 au domicile de l’actionnaire principale de L’Oréal, à Neuilly. Si, d’aventure, les juges l’annulaient, l’ensemble de l’instruction serait menacé. 

Même si cette affaire est la seule dans laquelle il est pour l’instant poursuivi, elle est loin d’être la plus embarrassante pour l’ex-président de la République. L’accusation d’abus de faiblesse repose en effet sur une seule visite de sa part – établie à coup sûr par l’enquête – au domicile des Bettencourt, le 24 février 2007. Aucune des personnes interrogées par la police n’a été témoin d’une remise d’argent à Nicolas Sarkozy, alors candidat à l’élection présidentielle. Le 28 juin, le parquet a d’ailleurs requis un non-lieu en sa faveur. Mais les juges ne sont pas tenus de suivre cet avis. Si leur procédure est validée le 24 septembre. 



Les aveux de Ziad Takieddine ont gâché les vacances de certains proches de Nicolas Sarkozy…
afp.com/Jacques Demarthon

Campagne Balladur de 1995: les « aveux » de Takieddine
Les aveux de Ziad Takieddine ont gâché les vacances de Thierry Gaubertet de Nicolas Bazire, deux proches de Nicolas Sarkozy – le premier fut son collaborateur à la mairie de Neuilly, puis au ministère du Budget, le second fut le témoin de son mariage avec Carla Bruni. Placé en détention provisoire du 31 mai au début du mois de septembre, l’homme d’affaires franco-libanais, qui démentait jusque-là son implication dans le financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, a recouvré la mémoire, et s’est empressé de confier ses souvenirs aux juges d’instruction parisiens Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire. 

Oui, Takieddine a joué les intermédiaires, avec son associé Abdul Rahman el-Assir, dans les contrats d’armements conclus par la France avec le Pakistan et l’Arabie saoudite en 1994. Oui, une partie des commissions touchées sur ces ventes a alimenté les caisses du camp balladurien. Oui, les deux hommes ont remis de l’argent en liquide à Thierry Gaubert, à la demande de Nicolas Bazire, alors directeur de campagne du candidat Balladur après avoir été son directeur de cabinet à Matignon.  

A trois reprises, des mallettes bourrées de billets de 500 francs auraient changé de mains à Genève. Au total, Gaubert aurait rapporté 6,2 millions de francs (945 000 euros) à ses amis balladuriens entre février et mars 1995. Confrontés à leur accusateur au début de juillet, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, déjà mis en examen dans ce dossier pour complicité d’abus de biens sociaux, ont nié en bloc.  

Si Nicolas Sarkozy n’est pas concerné directement par ce dossier, Edouard Balladur, Premier ministre au moment des faits, pourrait avoir à en répondre devant la Cour de justice de la République.  

Source :  L’Express


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